Dites-le à vos enfants

Les homosexuels

Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis entreprirent de persécuter la population homosexuelle d'Allemagne. Les dirigeants nazis pensaient que la présence de ce groupe dans la société compromettait le taux de natalité du peuple allemand ainsi que la santé physique et morale du "corps de la nation".

Des pelotons de SA (section d'assaut) effectuaient des descentes dans les lieux qu'on savait fréquentés par les homosexuels, comme les cafés et même les maisons privées. La police les harcelait aussi.

Cette persécution mit fin au courant de libéralisation qui s'était amorcé à leur égard. Le gouvernement renforça la législation en vigueur sanctionnant les comportements homosexuels, et tout au long des années 1930 les homosexuels furent souvent arrêtés et soumis à un harcèlement de plus en plus sévère. Le chef SS Heinrich Himmler créa un bureau chargé de les ficher et de les pourchasser. De nombreux membres du parti nazi réclamèrent la peine de mort pour les "attentats aux moeurs" à caractère homosexuel. Vers la fin des années 1930 la persécution s'intensifia et, sur une population d'homosexuels estimée à 1,5 million, environ 100 000 furent arrêtés sur dénonciation, parmi lesquels de 10 000 à 15 000 aboutirent dans les camps de concentration où on les marqua d'un triangle rose. Ce signe de reconnaissance les exposait aux brutalités des SS, mais aussi des autres prisonniers, et des milliers d'entre eux périrent.

On ignore le nombre exact d'homosexuels morts dans les camps, mais, au vu des preuves dont on dispose, on peut l'estimer à 60% de cette population. Dans le traitement infligé aux homosexuels, les nazis tentèrent de combiner leurs théories racistes avec les données de la "science" et soumirent certains d'entre eux à des expériences pseudo-scientifiques dans le dessin de modifier le comportement sexuel de ce groupe.


Les handicapés et les "asociaux"

Dans les années 1920, un groupe de scientifiques allemands commença à préconiser l'élimination des "bouches inutiles". Ils désignaient ainsi certaines catégories de citoyens handicapés et frappés d'arriération mentale. On inventa l'expression "vie indigne d'être vécue".

Les nazis, dont l'idéologie enjoignait à la société d'aider ce qui était "sain" et de supprimer ce qui était "malade" et "inférieur", assimilèrent vite ces théories. On voyait dans les Juifs et les Tziganes un danger externe pour le "corps de la nation" allemande, tandis que les handicapés et autres individus qui ne s'intégraient pas dans la "communauté du Peuple" apparaissaient comme un danger interne. On les jugeait improductifs, donc un fardeau pour les membres de la société "sains" et "productifs". Du point de vue racial et biologique, ils constituaient également un "matériau inférieur", leurs maladies dénotant leur prétendue infériorité congénitale. Cela faisait peser une menace croissante sur la santé "du corps de la nation". Dans leur zèle pour "purifier" la société allemande et la "race aryenne", les nazis persécutèrent et emprisonnèrent des milliers de citoyens arbitrairement étiquetés "asociaux". Cette catégorie comprenait, entre autres, les prostituées et jusqu'aux personnes sans travail qui refusaient deux fois une offre d'emploi. Même les individus accusés d'avoir été un objet de "scandale" pour d'autres Allemands étaient punis pour des raisons idéologiques. La "biologie criminelle" tenait les petits délinquants pour 'inférieurs" du point de vue biologique. On stérilisa parfois de force les hommes ou les femmes rangés dans cette catégorie. Dans les camps de concentration, ce groupe portait un triangle noir.

Source: Dites-le à vos enfants, Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, Stéphane Bruchfeld et Paul A. Levine, éditions Ramsay, Paris, 2000

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